Ben Youssouf Keita, leader de l’Alliance pour le Changement et le Progrès est passé à la barre du Tribunal criminel de Conakry ce mardi 11 avril pour livrer son témoignage au sujet des massacres du 28 septembre 2009 dans le stade éponyme. C’est en qualité de partie civile que le leader de l’ACP a pris la parole pour retracer les événements « douloureux » de ce lundi « noir » d’il y a 13 ans.
La narration des faits de ce transfuge de l’UFDG aura été marquée par sa mésaventure à lui et celle de son épouse ce jour-là.
Selon lui, celle-ci n’aurait pas été sauvée par le Colonel Moussa Thiègboro Camara de ses « bourreaux » alors que les sévisses qu’elle a subies l’auront été sous les yeux de cet officier de police judiciaire (gendarmerie ), qui officiait également au titre de ministre en charge des services spéciaux, de la lutte contre la drogue, le grand banditisme et de la grande criminalité. M. Keita évoque, au demeurant, de la non assistance à personne en danger.
L’autre cible de son « courroux », le Colonel Abodulaye Chérif Diaby, alors ministre de la Santé. Il déplore que le Colonel Diaby, médecin qu’il est, fasse fie du serment d’hypocrate à un moment crucial de la vie de ses compatriotes qui passaient de la vie à trépas. Tous ces deux officiers sont aujourd’hui dans le box des accusés.
Le leader de l’ACP relate que lorsqu’il a été transporté par la Croix-Rouge à l’hôpital Donka, une scène surréaliste s’y est déroulée sous ses yeux.
Le narrateur de poursuivre que son épouse qui était également de la partie ce jour-là, a été « bastonnée, maltraitée et dépouillée de ses biens » (2 téléphones et bijoux)
« Elle a été jetée au sol. Entre-temps, un civil, avec un couteau voulait l’égorger. Mon épouse a pris la lame du couteau, sa main complètement lacérée. Un militaire a dit au civil de ne pas la tuer. Le ministre Moussa Thiègboro Camara arrive et demande d’arrêter. Elle pensait que c’est son sauveur. La main ensanglantée, elle le ministre, mais celui-ci ne l’a pas sauvée. Car, il n’est pas allé jusqu’au bout. Son garde du corps a donné une gifle extraordinaire à ma femme. Elle a perdu connaissance. Le ministre Moussa Thiègboro a continué son chemin », déplore BYK, qui crie a non assistance à personne en danger sur le compte du ministre Thiègboro Camara.
Selon lui, c’est un militaire, un béret rouge plus âgé qui a fini par sauver son épouse qui garderait encore les séquelles. « Elle a été traumatisée. Quand elle voit un béret rouge, c’est le cauchemar », se résume-t-il.
«Dans l’urgence, j’ai vu des jeunes, des femmes étalés. Le ministre de la Santé Abdoulaye Chérif Diaby, médecin est entré. Il n’était pas armé », précise ce médecin relatif au ministère de la santé au moment des faits, lui-même médecin de profession.
Avant d’ajouter « Mais, lui qui a prêté le serment d’hypocrate n’a pas agi en tant que médecin. D’ailleurs, il nous réprimandait : pourquoi vous êtes sortis. Là il n’a pas été un homme assermenté en médecine» , s’indigne le médecin Ben Youssouf Keita, regrettant que le ministre de la Santé n’ait pas eu « pitié » des blessés « il n’a pas compatis à notre douleur ni de nous rassurer. Certains militaires qui l’accompagnaient donnaient des coups de pied aux blessés. »
Faut-il rappeler que deux autres leaders politiques ont précédé Ben Youssouf Keita à la barre. Il s’agit de Bah Oury et François Lounceny Fall, respectivement leaders de L’UDRG et FUDECK. M. Fall a d’ailleurs tenu à ce que tous les leaders politiques temoins occulaires de la scène passent à la barre. À qui le tour? Waind and see...
Youssouf Diallo